Nouvelle inédite :
Coup de foudre
Elle pleura, comme elle ne l' eut jamais fait auparavant. Toute la nuit, de ces nuits d'hiver.
Pensant qu'elle devait être seule coincée entre les griffes du froid, sous les draps et sur un lit si glacés. Esseulée, solitaire.
Son rêve du prince charmant ne devait être qu'un rêve et rien de plus. Cependant, certains rêves pouvaient ou devaient lui procurer un certain bonheur. Une sorte de sensation de satisfaction intérieure. Une sorte d'espérance compatissante, aussi bénéfique que salutaire à cette âme profondément meurtrie.
Peut-être, le lendemain, la neige arrêterait de tomber, le mistral réduirait son souffle et changerait d'orientation. Peut-être, aussi, que demain, entendrait-elle les bruits sourds de quelqu'un qui marcherait vers elle, sur la neige endurcie. Peut-être, entendrait-elle frapper trois coups sur la porte et qu'elle se précipiterait de son lit, sans se changer, pour faire vite et irait ouvrir la porte à celui qu'elle attendait le plus et depuis les premières pluies de cette saison d'hiver. Elle verrait enfin son visage angélique, sa mince moustache et sa barbe courte. Son coeur battrait la chamade. Elle se plongerait dans l'océan bleu de ses regards pleins de souvenirs, leurs souvenirs, des dernières vacances d'été où ils se rencontrèrent sur le sable brûlant de cette plage lointaine et sauvage. Ils s'aimèrent d'un seul coup. Ils vécurent une de ces idylles singulières, sans préambules, sans respect des convenances ni de la bienséance de la société occidentale, bien élevée ! Ce n'est qu'après, qu'ils devaient apprendre mutuellement le présent, le passé de l'un et de l'autre, de connaître leurs vrais nom et prénom et d'où ils venaient pour ainsi se rencontrer et s'aimer sur ce rivage pourtant si sauvage !
Elle pensait que peut-être, lui aussi, allait-il vivre la même lourdeur du vide, la même douleur de la solitude, les mêmes soupirs, les mêmes rêves et les mêmes cauchemars, ...Qu'il allait décider de venir la chercher, qu'ils allaient, peut-être, enfin, revivre le même bonheur de l'été passé,...
Mais c'était la moitié de l'hiver. Il fallait patienter, pensa-t-elle. L'espoir devait naître avec l'arrivée du Printemps-été ! Qu' adviendrait - il d'elle, d'ici là ? Elle ne pouvait supporter cette attente. Le pire : une attente qui n'était pas convenue. Elle se rappela ses mots d'adieu sur le quai de la gare :
"- Peut-être, nous reverrons-nous, un jour ? Qui sait, sur cette même plage, ou je viendrais t'arracher à ton monde, te voler aux tiens et à tes habitudes, pour aller ensemble faire le tour du monde, aller nous enlacer sur les longues marches de la muraille de Chine !"
"- Ah oui, j'aimerai bien ça, rien que tous les deux ! Voyager !"
Maintenant qu'il lui semblait entendre ses propos. Elle avait l'impression de le sentir tout près. Elle pouvait écouter sa voix et sentir son parfum. Elle se dit avec amertume qu'elle se trompait grandement. Il ne s'engagea en rien. Ce ne fut qu'un rêve. Lui, aussi, rêvait, mais il ne devait pas être maître de son destin !
Il commença à faire trop froid. Le vent glacial se leva brusquement, comme pour lui annoncer que ce ne devait être qu'un fameux Coup de Foudre !
Point à la ligne.
Elle en fut confuse, sa gorge se serra, les larmes ne pouvaient plus s'arrêter.
Elle se recroquevilla dans les draps et dans la position du fœtus au ventre de sa mère, elle se laissa ainsi envahir par le sommeil salvateur de quatre heures du matin.
Abdelmalek Aghzaf, Fès, le 28/04/2014.
Cet espace est le cahier de bord du poète voyageur. Mémoire, souvenirs, textes pour la postérité.
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vendredi 2 mai 2014
Nouvelle inédite Coup de foudre
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