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mercredi 26 mars 2014

NOUVELLE INÉDITE : LE TEMPS D'UN PRINTEMPS

NOUVELLE INÉDITE :

                                   LE TEMPS D'UN PRINTEMPS


(Elle) - Elle s'arrêta à la dernière marche de l'escalier en bois, se retourna à moitié, virant le regard à presque 45°, passa les doigts de la main libre entre les mèches des cheveux : réflexe de jeunesse qui dût ne l'avoir jamais plus quittée depuis son adolescence. Le regard se fixa en un zoom sur la silhouette du voisin d'en face qu'elle reconnut à sa démarche, quand il sortait de chez lui pour ouvrir les volets de ses fenêtres.

(Lui) - Le regard fixé sur le quadrant phosphorescent du radio - réveil installé sur la table de chevet, juste à côté de la fenêtre donnant sur la rue d'en face. Il sentait et suivait l'écoulement du temps: des secondes, des minutes,... Des heures ! Il savait -grâce à l' habitude et à l'intérêt qu'il eût à suivre les allées et venues de sa voisine d'en face.
Il savait maintenant. Il en avait presque la certitude. Le programme journalier, hebdomadaire de cette femelle, si coquette, si attirante, si nonchalante dans sa démarche. Il avait bien appris à la lettre son calendrier, réglé comme sur un organiseur.
Sa vue, chaque jour, le calmait,, lui apportait un peu plus de bonheur. Rien qu'en regardant de côté sa silhouette passer avec précipitation, en entendant les petits bruits monotones des talons des ses chaussures si hautes, changeant de couleur suivant les sept jours de la semaine, les quatre semaines du mois, les trois cent soixante cinq jours de l'an ! Oui, cela faisait maintenant une année qu'il accompagnait discrètement sa voisine, en silence, avec délicatesse, de loin, à l'insu de cette charmante brune, d'un certain âge, mais qui le fascinait, à laquelle tout son être semblait s'être attaché jusqu'à ses moindres gestes et mouvements, jusqu'à son parfum préféré qu'il pouvait sentir de loin, depuis qu'elle passa tout près de lui, tout au début, sur son chemin vers le marché, à la terrasse du Café "Mon Pays" où il se plaisait très souvent de prendre sa tasse de café, fumant ses Rothman's et lisant la gazette locale.
Il croyait qu'elle ne se doutait de rien.
(Elle) - Chaque fois qu'elle traversait la rue Rimbaud, allant faire ses courses, elle ne cessait de se demander si elle était suivie, ou qu'elle allait être abordée par son inconnu voisin, qu'un  : "Bonjour"ou"Bonsoir" allait siffler feutrement en lui caressant l'ouïe. Rien ne fut. Pourtant, elle savait. Elle en était sûre que cet homme aux cheveux grisonnants, à l'allure athlétique, au front dégagé, lui évoquant le héros et le personnage principal de ses films préférés : James Bond, le 007.
Non, elle ne voyait rien venir.
Parfois, elle prenait son goûter à son balcon, comme pour contempler le beau crépuscule, mais en réalité, c'était pour suivre ce qui se passait en face. S'il était là, que devait-il en train de faire ? La regardait-il, lui aussi, avait-il des jumelles ?
Enfin, elle se demanda, une seule fois, s'il était marié, libre, célibataire, divorcé comme elle, ou veuf solitaire et infortuné !
(Lui)- En cette journée de printemps, son jardinet était très tôt envahi par les moineaux gazouillant, sautillant de partout. Ce vacarme le fit réveiller et se dit :" ça serait une très belle journée, aujourd'hui, !"
(Elle)- L'alarme de son portable commença un morceau de la chanson de Barry White préférée, lui annonçant l'heure du réveil. Après le rituel bain, l'habituel bol de café au lait et les médicaments prescrits pour la journée, elle marcha machinalement vers le balcon, jeta un regard résolu vers les portes-fenêtres du voisin d'en face et se dit : " il est déjà réveillé avant moi, celui-là !". " Aujourd'hui, je vais faire tout pour lui parler."
(Lui)- Il se mit comme, à son habitude, au bord de la fenêtre de sa chambre à coucher, où le son de la radio emplissait en F.M. les infos du matin sur France-info, on croirait être aux studios de France Télévision.
Il se dit qu'avec la splendeur du premier jour du printemps, le moment serait bien propice de prendre tout son courage en main, faire le premier pas et aller à la rencontre de sa voisine.

(Elle et Lui)- Bonjour,
- Bonjour, ça va ?
- ça va, vous vous êtes réveillé très tôt, ce matin !"
- Oui, c'est le printemps
- Oui, c'est vrai, il fait très beau.
- Voulez-vous prendre quelque chose avec moi, aujourd'hui ?
- D'accord, pourquoi pas ? Chez vous ou chez moi ?
-Comme vous voulez ! Venez, je vous attends !
(Lui) - Ouf ! C'est fait, elle arrive. Toute une année d'attente, pourtant. C'est bien facile de communiquer.
-Tout est bien prêt pour recevoir celle qui m'a capté le cœur et l'esprit tous ces jours et toutes ces nuits .
(Elle)- Ah, nous allons nous voir, notre voisin et moi. Notre héros. Je me demande s'il ressemble réellement à mon héros préféré : James Bond, 007 !!
-Faut-il que je lui dise tout ? Pourquoi pas ?
-Sera-il heureux ou malheureux d'apprendre les secrets de ma vie ?
-,... Que j'étais mariée plusieurs fois, que je ne le suis plus.
-,... Que les médecins m'avaient prédis ma mort pour les deux ou trois mois prochains ? En faudrait-il la peine ?
(Lui)- Que vais-je lui raconter ?
- Vais-je lui parler de mes vingt ans de mariage ?
- De la mort de mon épouse dans un fâcheux accident de voiture, à cause d'un chauffard ivre , il y a de cela, cinq ans déjà ?
-,... Que depuis, je vivais veuf, solitaire, sans aventure ?
-,... Pourrais-je renouer avec une vraie vie en couple ?
-,... Serait-elle prête à l'accepter, pour simplement comme petit ami, ou compagnon ou comme un vrai mari ?
-,...Vais-je lui plaire ?

(Elle et Lui) - J'ai l'impression de vous connaître depuis toujours !
- Moi aussi, tellement en face, je crois connaître toutes vos habitudes !
-Moi aussi ! Tiens, vous avez le même parfum qu'il y a une année !
- Ah, oui, c'est mon préféré, "La Tulipe Noire"
- Ah ! C'est enivrant !
- Vous semblez vivre seul !
- Oui, je suis veuf. J'ai perdu ma femme dans un accident de voiture.
- Je suis bien désolée !
- Mais c'est déjà cinq ans de ça. Et vous, avez-vous quelqu'un dans votre vie ? Un petit ami ?
- Non, je suis célibataire. Après mes trois mariages! Je n'en ai gardé que des déceptions !
- Ah bon, et vous supportez cette solitude ?
-  Peut-être, comme vous !? Dites, je voudrais un verre d'eau, s'il vous plaît, c'est pour mes médicaments !
- Oui, bien-sûr, vous êtes malade ?
- Je vous dirais !


(Elle et Lui) = De confidence en confidence, les deux voisins partagèrent les trois repas de la journée et une grande partie de la nuit.
Ils se séparèrent, résolus d'avoir découvert ce qui les rassemblait, leurs affinités, leur situation sociale, leur expérience dans la vie et leur fascination réciproque.
Une seule ombre pourtant, planait dans le ciel de leur printemps : Son cancer à elle !
Ils s'entendirent qu'ils allaient se revoir très souvent, peut-être même décider de vivre en un même ménage, sous un même toit, jusqu'à la fin.
Le destin avait ses raisons. Ils vivraient ensemble le peu de bonheur possible, sachant que la fin n'était pas loin, que c'était éphémère !
Mais le souvenir de tout cela pourrait être agréable et tendre et doux pour l'un, salutaire, soulageant pour l'autre.
Ces derniers moments de bonheur partagé avant la mort était peut-être plus fabuleux, plus romantique des plus affectueux sentiments à emporter avec elle dans son voyage vers l'éternité.

L'amour, n'est-il pas le meilleur remède pour soulager l'âme et panser toutes les blessures des hommes et des femmes sur cette terre !?


               Abdelmalek AGHZAF,
                                                      KSAR EL-KÉBIR, LE 25/03/2014.











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